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Muntazer al-Zaidi, héros moderne


Que doit-on y voir ? Une résurgence des tomates, ou des tartes à la crème ? S'agit-il donc d'une action désespérée, ironique quand aucun autre moyen d'expression politique ou médiatique n'existe ?

Est-ce plutôt une « arabisation Â» de nos mÅ“urs ?  En effet, laissées à l'entrée des mosquées, symbole même de l'impureté, les chaussures, quand elles sont exhibées à autrui prennent un sens d'insulte suprême, de dédain absolu.

Cependant, nous ne la connaissions pas si « politique Â» (la fameuse chaussure de Khrouchtchev n'ayant rien à voir avec tout cela, bien trop potache).

Depuis que le geste de  Muntazer al-Zaidi, MAZ, a eu le retentissement que l'on sait, il semble que « lancer sa chaussure Â» soit devenu le geste ultime, absurde, des désespérés, de ceux qui savent leurs convictions pures, mais d'avance leur cause perdue.

Si MAZ s'est fait immédiatement brisé le bras et plusieurs côtes par les gardes du corps US, une immense statue de chaussure fut dressée en son honneur dans la ville natale de Saddam Hussein, Tikrit. Elle fut immédiatement démantelée..

Trois jours après cet acte héroïque, le Président Lula plaisantait déjà avec des journalistes, leur demandant de ne pas lui « jeter de chaussures Â». Raillait-il W Bush ou était-ce de l'humour noir ?

Rapidement, on assistait à une épidémie du phénomène. Partout dans le monde les ambassades d'Israël furent la cible de chaussures, celle de Santiago du Chili en reportant « plusieurs centaines Â».

En visite dans l'est du pays, Huseyin Celik, ministre de l'éducation turc fut victime du même projectile, cette fois il s'agissait d'un militant de l'AKP (le Parti des Travailleurs du Kurdistan).

En France, l'association « Sauvons la recherche Â» a réuni début janvier une centaine d'enseignants-chercheurs devant le ministère de l'Enseignement supérieur : ils ont chacun jeté une chaussure contre le bâtiment en protestation contre la politique et le discours de Nicolas Sarkozy.

Et, last but not least, en criant « comment cette université peut-elle se prostituer au point d'accueillir un tel dictateur ? Â» un homme « Ã  fort accent allemand Â» lançait sa chaussure sur le Premier Ministre chinois Wen Jibao, en le manquant « de quelques pieds Â». Les médias chinois ne semblent pas en avoir entendu parler. Le site du Times illustrait :

 The Molotov cocktail of the 21st century?

Simple "mode", ou moyen d'expression retentissant à moindre coût ? Ces lancers de chaussures ne nous en disent-ils pas plus sur notre époque ?

Les « insurgés Â» n'auraient-ils pas d'autre moyen de protestation face à un ordre mondial arque-bouté sur ses prérogatives, quand on assiste à une élimination systématique des opinions dissidentes ?

Déranger une cérémonie protocolaire bien huilée, empêcher l'inacceptable de s'auto-célébrer sous les lumières du mainstream en jetant une « chaussure Â» n'est-il pas l'ultime cri du bâillonné ?

Camarades, quand nous finirons tous en chaussettes, il sera temps de penser à jeter autre chose…



04/02/2009
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